Art Touareg N°21: Comment parler d'Art Touareg sans évoquer l'extraordinaire élégance vestimentaire? Objet de fascination depuis longtemps.. Merci à la contribution d'Agdal Waissan

L'ancien palais des Tidjani, Palais de Kourdane, près d'Aïn Madhi, Laghouat

Découvrez l’artiste photographe saharien Abdeslam Khelil


Il manie le verbe comme un philosophe, mais il est avant tout un maître de la photographie. Sa passion : le Sahara dont il a fait de superbes clichés. Abdeslam Khelil est un personnage mystérieux et passionnant qu’il faut connaitre. Dans cet article, sa fille, Rym, lui rend bel hommage en évoquant ses passions, son verbe et son œuvre, à l’occasion de l’un de ses rares vernissages (2012).

 Abdeslam Khelil, artiste photographe algérien, saharien, est né le 15 mars 1942 à Ouargla (à 800 km au sud d’Alger).

Qui est donc ce personnage dont certains connaissent la galerie photographique, située rue Didouche Mourad, en plein cœur de la capitale, où seuls osent s’aventurer les habitués ?

Dans ce local sombre et mystérieux, Abdeslam a transporté un peu de son désert natal : du sable répandu sur le sol derrière la baie vitrée, des plantes sèches « pour l’accompagner », le bureau tendu de peau de chameau qu’il a confectionné de ses propres mains, le tapis coloré, cadeau de ses amis Touareg, recouvrant la banquette de la pièce, des meubles tapissés de liège (son œuvre également), et la moquette couleur de Sahara.

Dans cette atmosphère qui enchante le visiteur, l’envoûte même, on se laisse bercer par Les quatre saisons de Vivaldi, la IXème symphonie de Beethoven… «Je ne comprends pas que l’on puisse avoir de la haine après avoir écouté cela » dit-il… et on peut se recueillir devant de somptueux tableaux photographiques. Les siens. Ceux de Khelil. Tous en noir et blanc.

Des paysages et des portraits, du Sud algérien le plus souvent, sa source, sa ressource, son origine, son bonheur. Abdeslam est un artiste qui vit à la frontière entre deux mondes, à la lisière entre le rationnel et l’irrationnel. Il est autodidacte. Il a commencé à côtoyer la photographie à l’âge de dix ans.

A l’époque, il travaillait comme apprenti dans l’atelier photographique de son frère aîné, à Ouargla. « Je lui apportais des seaux d’eau tirée du puits pour le développement des photos. »Souvenir qu’il évoque avec naturel, lui, le benjamin d’une fratrie de quatre frères, et pour qui l’obéissance et le respect à l’égard des aînés est une valeur fondamentale. A dix-huit ans, Abdeslam s’envole pour Paris. Il y suit un stage de deux ans chez Kodak. Aujourd’hui, le regard dans le vague, un sourire lumineux aux lèvres, il cite l’avenue Montaigne, le quartier de Montmartre et tant de lieux gravés dans sa mémoire. Au début des années soixante, il s’installe à Alger.

Mais l’homme est nomade et il revendique ses origines. En effet, durant des années, il sillonne l’Algérie, le Sud notamment, le Tassili, s’arrête à Djanet, pousse jusqu’aux frontières maliennes et mauritaniennes, séjournant souvent chez ses amis Touareg, sa famille adoptive. Il réalise, chaque fois, de merveilleux clichés. Cet amoureux du désert affirme tranquillement : « Au Sahara, les gens n’ont rien à prouver, ils savent ce qu’ils sont ».

Un jour, j’y retournerai, même si je dois habiter une cabane de paille ; j’y serai heureux, je regarderai la lune et les étoiles, œuvres de Dieu, loin du monde, des agressions de la ville, près de la nature, et je retrouverai mon palmier et mon âne, content de recevoir une carotte. La richesse est un état d’âme. L’homme est un perpétuel insatisfait et je refuse d’être esclave de la bêtise sociale.»  Pour Khelil, la réussite n’a rien à voir avec la réussite matérielle. Il a d’ailleurs été dans une réelle aisance financière, jusqu’à ce que le terrorisme des années quatre-vingt dix « chasse [son] public occidental», qui composait l’essentiel de sa clientèle. Depuis, il s’est enfermé dans sa bulle d’artiste, imperméable aux banalités de la vie, fidèle à sa galerie, ses génies, ses djnoun: Vivaldi, Mozart, son sable, ses plantes et ses photos.

Fidèle, également, à cette bougie qu’il allume chaque matin en hommage à une personne, un événement, à Dieu tout simplement, ou à la vie. «La Vie n’est pas du domaine du pouvoir humain. Je n’aime pas voler ou faucher Dieu, je veux accomplir mon noble devoir d’humain. Ses clichés ont traversé les mers, ont circulé de par le monde, l’homme est apprécié, très souvent admiré. Son œuvre fait incontestablement partie de ces merveilles du patrimoine culturel algérien, tellement négligé cependant, si peu valorisé. En exposant un échantillon de son magnifique travail («La femme à la mouche», « L’enfant et l’infini », « Les pieds », « Les épis », « Les Touareg », « La mosquée de Ghardaïa »,…) moi, Rym Khelil, sa fille, je veux aujourd’hui rendre hommage à cet immense artiste.


Par Rym Khelil – In http://www.cca-paris.com


Quelques photos de Abdeslam Khelil


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Oeuvre de Gérard Aubry
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